Elections au Burundi: Parler de dialogue même si ça fait mal.

Le Burundi a besoin d’un dialogue pour dénouer la situation chaotique avant les élections de 2025-2027

Dans tous les conflits, il faut un dialogue, une négociation de sortie honorable pour toutes les parties en conflits. Pourquoi alors faut-il négocier? « Négocier c’est investir. Dans un univers judiciarisé et normé, la négociation est la seule attitude établissant la confiance mutuelle, base de tout rapport humain de qualité. Le temps de la négociation peut paraître parfois long et stérile mais il reste un investissement productif »

Depuis les temps anciens, les burundais ont toujours négocié. Les Bashingantahe étaient le symbole de la paix négociée. Le Mwami Mwezi Gisabo a négocié avec les Allemands bien que le résultat des négociations fut déséquilibré.

Si nous sautons pieds joints jusqu’aux années 1993, on peut se retrouver face à une situation où il était, pour beaucoup, impensable de négocier. On peut se rappeler la réponse de la Première Ministre à un journalitse: « Ntaco twovugana atari ico twobakoza« , à propos des militaires du putsch qui avait emporté la vie du président élu Melchior Ndadaye et de ses proches collaborateurs. La crise a poursuivi son chemin, faisant naître les rebellions dont celle qui deviendra plus tard le CNDD-FDD.

Les négociations d’Arusha de 2000 ont abouti à un accord qui a permis la mise en place des institutions « démocratiques », à commencer par 2005. L’entrée du CNDD-FDD sur la scène politique avait donné beaucoup d’espoir d’un retour du Burundi à la paix. Cela s’est beaucoup plus concrétisé avec l’entrée de la traditionnelle rebellion FNL d’Agathon Rwasa dans les institutions. L’accord d’Arusha avait prévu une amnistie provisoire de deux ans à tous les burundais, prévenus ou condamnés poursuivis pour les infractions d’Atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat, de Participation à des bandes armées, Attentat et complot tendant à porter le massacre, la dévastation ou le pillage, etc. Cela fut fait et même les condamnés dans le dossier d’assassinat du président Mechior Ndadaye furent ainsi libérés. L’amnistie provisoire de deux ans se poursuit toujours au grand dam des victimes.

Les élections de 2010 se sont déroulé dans un climat malsain et ont occasionné des centaines de victimes et des réfugiés. Des partis politiques ont demandé le dialogue mais ils se sont heurtés à un mur d’oreilles de sourd. Le Parti CNDD-FDD a continué d’avancer seul avec ses acolytes.

En 2015, un troisième mandat de trop est venu ajouter la poudre au feu. Le pays s’est embrasé et des milliers de burundais ont pris le chemin de l’exil au moment où de centaines d’autres étaient persécutés, assassiné, emprisonnés, etc. Tout cela à cause d’un mandat de trop. Le monde et les burundais ont toujours demandé à dialoguer, mais rien ne fut fait. Le CNDD-FDD avance quand même.

En 2020, les élections sont organisées sans financement extérieur et sans observateurs indépendants. Le président Evariste Ndayishimiye accéda au pouvoir sans la présence de son prédécesseur, feu Président Nkurunziza décédé inopinément des suites d’un « arrêt cardiaque« , a-t-on annoncé au peuple. Il n’a jamais voulu négocier.

Des rebellions contre le Burundi sont signalées surtout en RDC et des forces y sont envoyées pour les traquer. Les centaines de milliers de burundais veulent rentrer au pays. Mais, il leur faut des garanties de sécurité. Il faut dialoguer, négocier ces garanties. Mais apparemment, le dialogue n’est pas à l’ordre du jour ou prend trop de temps à produire ses effets. On entend juste parler d’un dialogue entre le Gouvernement du Burundi et l’Union Européenne pour la levée des sanctions.

Il faut que le Gouvernement actuel pense à dialoguer avec son peuple sans penser à passer par la voie de la violence. Comme le disait Martin Luther King  » La Non violence Active n’est pas une méthode pour les lâches, mais pour les forts; elle implique qualité spirituelle et courage personnel. Elle ne cherche pas à humilier l’adversaire mais à son amitié et sa compréhension. Convaincre et non vaincre. » Car, en effet, aucun gouvernement n’est capable de vaincre son peuple.

Le groupe rebelle Red Tabara demande le dialogue. Loin étant l’idée d’adhérer à la voie des armes empruntée par cette organisation, encourageons tout de même toutes les parties à la flexibilité: Ne pas toujours penser à « ico tuzobakoza« , le sort qu’on leur réserve, mais plutôt à « ingene twobagarura » comment les ramener à la raison, ou « ingene twobumviriza » comment les écouter, pour en fin de compte les recevoir dans la famille nation burundaise.

A bon entendeur!

 

Wbmcos1

 

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