Bujumbura, le 14 janvier 2014(COSOME)- La Coalition de la Société Civile pour le Monitoring Electoral(COSOME) a sorti une déclaration sur les opérations d’enregistrement des citoyens en vue de l’obtention d’une nouvelle carte nationale d’identité biométrique assortie de recommandations au gouvernement, aux partis politiques, à la société civileen vue du bon déroulement de cette importante activité à ‘approche des élections de 2015.
Nantie de la mission de promouvoir la culture de la paix et de la démocratie par l’éducation et l’encadrement civiques et électoraux au Burundi, la Coalition de la société Civile pour le Monitoring Electoral (COSOME) suit de près le déroulement des opérations d’enregistrement des citoyens burundais majeurs et des étrangers ayant régulièrement acquis la nationalité burundaise en vue de l’obtention d’une nouvelle carte d’identité nationale magnétique ;
Désireuse de contribuer à un processus électoral apaisé, équitable, juste, démocratique, inclusif et transparente, la COSOME porte à la connaissance de l’opinion tant nationale qu’internationale ce qui suit :
La COSOME soutient le principe d’une initiative publique qui vise à sécuriser la pièce nationale d’identité qui donne accès à la carte d’électeur, à l’approche des consultations populaires de 2015.
De plus, le Burundi restait l’un des derniers pays de la communauté est africaine (CEA/EAC) à n’avoir pas encore adopté la carte d’identité biométrique qui facilite également les voyages à l’étranger.
Par ailleurs, il n’est un secret pour personne que de fausses cartes d’identité en vigueur aujourd’hui encore existent et fondent la décision du gouvernement de les remplacer par des pièces biométriques infalsifiables.
Ces vielles cartes nationales d’identité facilement imitables par les burundais et les étrangers peuvent d’ailleurs avoir fait des dégâts lors des précédentes élections dans le pays et ne méritent donc pas de rester dans la circulation.
Cependant, les informations qui filtrent des opérations d’enregistrement en vue de l’obtention de la nouvelle carte dans la ville de Bujumbura, la capitale du pays, et zone-pilote des opérations, indiquent que les inscriptions ont été jusque-là timides et compliquées par endroits, surtout pour les personnes ne sachant ni lire ni écrire par elles-mêmes.
Certaines données intimes qui sont demandées, dans la fiche d’enregistrement et qui doivent encore figurer sur la carte biométrique, semblent être des éléments gênants pour la population.
Les citoyens burundais sont de nature réservés sur la vie privée et il n’est donc pas étonnant qu’ils ne veuillent pas décliner des données intimes relatives aux numéros de compte bancaire, aux biens immobiliers, etc.
Cela explique, en partie, le peu d’engouement et d’empressement à se faire enregistrer, surtout dans les milieux intellectuels.
La COSOME constate, en outre, que la communication, avant, pendant et aujourd’hui encore n’est pas optimale sur le bien fondé d’une telle opération qui précède de peu une période électorale fort sensible.
C’est ainsi que des rumeurs se substituent à l’information officielle à laquelle le public est en droit de prétendre, certaines allant jusqu’à accréditer la thèse de ressortissants étrangers qui se faufilent indûment parmi les nationaux pour décrocher le sésame au grand jour et par conséquent, une nationalité Burundaise reçue sur un plateau d’or et sans effort.
D’autres rumeurs veulent que l’accès aux opérations d’enregistrement soit teinté de clientélisme politique en cette délicate période pré-électorale déjà lourde d’autres sujets de controverse, comme la révision de la constitution non concertée.
Un flou entoure, par ailleurs, les délais exacts des opérations d’enregistrement des candidats à la nouvelle carte nationale d’identité biométrique.
Les opérations méritaient également de porter parallèlement, si pas sur toute l’étendue du territoire national, du moins sur la zone-pilote de Bujumbura et une province test de l’intérieur du pays pour plus d’enseignements sur la réceptivité des populations urbaines et celles du milieu rural par rapport à cette innovation administrative majeure.
La machine électorale étant en marche, il aurait, en outre, fallu que des mandataires de partis politiques s’associent à l’administration pour suivre de près les opérations d’enregistrement des prétendants à la nouvelle carte d’identité nationale biométrique, dans la transparence.
Face à ces premiers constats, la COSOME recommande :
Au gouvernement de :
– Faire montre de toute la transparence voulue dans le déroulement des opérations d’enregistrement des candidats à la nouvelle carte nationale d’identité biométrique
– Faire preuve de transparence dans l’octroi du marché de conception, de production, de multiplication et de délivrance la carte biométrique
– Prolonger les délais d’enregistrement pour que le plus grand maximum de citoyens aient accès à la carte et participent au processus électoral avec le nécessaire exigé et exigible
– Veiller à ce que les Burundais et autres personnes jouissant réellement de la nationalité burundaise soient les seuls à accéder à la nouvelle carte
– Mettre à contribution les autres acteurs politiques et organisations de la société civile dans la sensibilisation des citoyens à se faire enregistrer en vue de l’obtention de la nouvelle carte d’identité infalsifiable
– Simplifier et ramener les données à celles qui sont contenues dans le nouveau passeport biométrique
– Mener une étude d’évaluation des opérations d’enregistrement des candidats à la nouvelle carte nationale d’identité biométrique dans la zone-pilote de Bujumbura
– Publier régulièrement les statistiques des personnes qui se sont déjà faites enregistrer
Aux partis politiques :
– S’impliquer à fond dans le suivi de toutes les opérations du processus électoral, à commencer par l’enregistrement des citoyens en vue de l’obtention de la carte nationale d’identité biométrique car cette opération sert de base au processus électoral
– Sensibiliser leurs membres sur la nécessité et le droit de tout un chacun d’avoir la nouvelle carte nationale d’identité biométrique pour divers besoins
– Porter à la connaissance des pouvoirs publics et de l’opinion les erreurs, difficultés et les ébauches de solutions afin de faciliter les opérations d’enregistrement des données liées à l’obtention de la carte biométrique
A la Commission Electorale Nationale Indépendante(CENI) :
– Suivre de près les opérations en cours d’enregistrement des candidats à la nouvelle carte nationale biométrique qui est étroitement associée à la carte d’électeur
– Eviter le recours aux solutions de rechange de dernière minute comme lors des élections passées où n’importe quelle pièce d’identification a été autorisée pour se faire enrôler aux opérations de vote
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