Climat tendu à Ngozi entre les magistrats et les responsables des juridictions

NGOZI (Nord du Burundi), 16 janvier 2014 (COSOME )- L’appareil judiciaire de la circonscription de Ngozi se trouve fortement secouer par une crise de confiance née la semaine dernière entre les juges du Tribunal de Grande Instance et les autorités hiérarchiques.

Le contentieux est né de l’affaire Désiré Nshimirimana, un journaliste au périodique « Syfia Grands Lacs ».

Incarcéré depuis plus d’une année à la prison centrale de Ngozi, Nshimirimana est accusé de tentative d’assassinat, sur fond de conflit foncier avec un nommé Marc, tous de la commune Mwumba, en province de Ngozi.
L’affaire avait été régulièrement entendue en audience publique et mise en délibérée. Elle devrait être prononcée le 10 janvier 2014 mais les trois juges du siège ont été semés par la présidente du Tribunal de grande instance (TGI) de Ngozi de retourner l’affaire en audience publique pour entendre un autre témoin à charge se trouvant à Kigali, au Rwanda.

La présidente du TGI Ngozi devait également revoir la composition du siège pour insérer un des dirigeants de ce Tribunal.

Les trois magistrats du siège ont unanimement refusé les injonctions car, l’affaire avait suivi un cheminement régulier et même le témoin évoqué avait fait objet de discussion lors de la dernière audience publique et la partie civile ainsi que le Ministère public avaient jugé inutile d’attendre le témoin de Kigali étant donné que ceux qui ont témoigné étaient suffisants et l’affaire pouvait être mise en délibéré.

Les menaces envers les trois juges avaient continué par le président de la cour d’Appel de Ngozi qui est leur chef hiérarchique au second degré.
La situation s’est compliquée avec la sortie des mutations pour deux des trois juges du siège a Muyinga et Kirundo pour « viol » du secret du délibéré, comme cela ressort des lettres de demande d’explication sorties deux jours après les mutations par la présidente du TGI Ngozi.

Un autre juge, représentant le Syndicat des Magistrats du Burundi (SYMABU) vient lui-aussi de recevoir une mutation forcée sur Cankuzo.

Le climat reste tendu et les juges du ressort judiciaire de Ngozi parlent d’intimidations là où les responsables des juridictions, quant à eux, y voient une « insoumission » à l’autorité hiérarchique.

YM

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