Lors de son discours d’ouverture, le directeur exécutif de la COSOME, Sylvère Ntakarutimana, a déclaré que le choix d’un tel sujet de formation venait à point nommé à l’approche des élections générales de 2015 que les reporters sont appelés à couvrir en ayant des connaissances suffisantes et plus approfondies.
Préparatifs électoraux
Le directeur exécutif de la COSOME a ensuite donné un aperçu des préparatifs électoraux qui se sont déjà matérialisés par la mise en place d’une nouvelle commission électorale nationale indépendante.
Une nouvelle carte nationale d’identité biométrique
Une nouvelle carte nationale d’identité biométrique a également déjà fait l’objet d’appel du ministère de l’intérieur aux citoyens à se faire enregistrer.
Cette pièce d’identité servira dans la confection de dossiers en vue d’obtenir une carte d’électeur, d’où son importance dans le processus électoral en cours.
Les acteurs politiques se sont également rencontrés à plusieurs reprises pour discuter des voies et moyens d’organiser des élections inclusives, transparentes, apaisées, équitables, justes et démocratiques à l’horizon 2015.
Les textes légaux et règlementaires des prochaines élections
Les textes légaux et règlementaires des prochaines élections (constitution, code électoral) font également l’objet de discussions parfois tendues entre les acteurs politiques locaux sous la houlette du parlement national et de la représentation spéciale du secrétaire général des nations unies au Burundi.
Le dialogue politique national
Ce dialogue reste nécessaire en vue d’avoir un processus électoral sain, calme, serein et dominé par la compétition de programmes et d’idées politiques.
Le rôle des médias
Cela sera, en partie, possible, si les médias jouent réellement leur rôle d’observateurs, médiateurs et intermédiaires neutres et au service de l’intérêt général de tous les citoyens, a-t-il souligné, en substance.
« Consciente que la compétition électorale est délicate et qu’il faut un certain bagage journalistique pour la couvrir de manière objective, neutre, juste, équitable et professionnelles, la COSOME a donc recruté un consultant-formateur pour une mise à niveau et un renforcement des capacités de ses reporters provinciaux sur les techniques, en somme les voies et moyens de bien couvrir le processus électoral par une information basée sur le pluralisme des idées, une information équilibrée, vérifiée et vérifiable », a ajouté M.Ntakarutimana.
Mission et responsabilité sociales
Vous avez une mission et une responsabilité sociale qui, une fois bien utilisées, peuvent concourir à la réussite du processus électoral et c’est pour cela qu’un rappel de toutes ces obligations valait la peine, a-t-il poursuivi.
C’est aussi l’un des objectifs de l’atelier et profitez pleinement de l’expérience du consultant qui va vous rappeler que la période électorale a des particularités même si elle ne suspend les règles habituelles du métier que sont l’objectivité, l’honnêteté, le respect du pluralisme des idées, l’équilibre de l’information, les faits qu’il faut privilégier, selon la même source.
L’intervenant a terminé son propos en puisant dans le manuel destiné aux reportes provinciaux ces quelques phrases qui en disent long sur la vigilance et la nécessité pour tout journaliste d’observer un certain nombre de règles du métier en toutes circonstances et plus particulièrement pendant la très sensible période électorale :
Le journaliste a le devoir de concilier
« Le journaliste a le devoir de concilier, de façon neutre et impartiale, les intérêts des grands acteurs de l’actualité (pouvoirs publics et contre pouvoirs à tous les niveaux, responsables des partis politiques, la société civile, les syndicats, les leaders d’opinion) et ceux du public. Pour y arriver, il est guidé par la loi, l’éthique et la déontologie et par la responsabilité. Il doit faire la distinction entre ce qui est permis et ce qui n’est pas permis par la loi. Mais aussi, il doit mesurer l’impact de certaines informations. D’autres principes guident le journaliste dans l’exercice de son métier. Il s’agit des principes liés au respect de la vérité, de l’honnêteté, l’impartialité, l’équilibre et l’équité. En cas de doute le journaliste agit toujours pour le bien commun. Si le journaliste peut inspirer la paix, le développement et la joie, il peut aussi inciter à la haine ethnique, il peut relayer les mensonges et la désinformation des politiciens ».
Lors de l’exposé, le consultant en communication, Athnase Ntiyanogeye, est revenu que quelques règles d’or du journalisme en période électorale :
Quelques règles d’or du journalisme en période électorale
La vérité qui commande de relater les faits (vérifiables et vérifiés) et chercher à en comprendre le pourquoi.
La précision qui veut que, non seulement les faits doivent être exacts, mais aussi précis (qui a fait quoi, où et quand et dans quel contexte) ;
L’impartialité qui consiste à ne jamais s’identifier à un candidat ou un parti, rapporter le maximum d’opinions sans penchant.
Il y a aussi la loyauté à l’égard du citoyen, la vérification qui est à la base de la crédibilité du journaliste, les faits doivent être validés, l’indépendance qui fait que le journaliste doit être indépendant de ses sources et de toute personne ou institution qui fait l’objet de la couverture.
Le consultant est encore revenu sur les notions de la vigilance à l’égard du pouvoir (pour ne pas tomber dans la manipulation), l’ouverture d’esprit qui oblige le journaliste à accepter que les analyses et les opinions soient multipliées et diversifiées; même si elles ne cadrent pas avec ses convictions.
La pertinence, quant à elle, veut que le journaliste doit maîtriser toutes les techniques d’écriture et de scénarisation pour rendre les sujets intéressants vis-à-vis du citoyen, tandis que l’équilibre de l’information commande au journaliste de faire en sorte que l’ensemble de la réalité soit communiquée. Tous les acteurs concernés doivent être approchés. Le traitement et la diffusion disproportionnés d’une information est un manquement au principe de l’équilibre.
Il y a enfin la liberté de conscience dans des circonstances exceptionnelles où le journaliste peut invoquer la clause de conscience.
Problèmes à éviter
Parmi les problèmes que le journaliste doit éviter, le consultant a cité, entre autres, la diffamation ou le fait de ne jamais reproduire des propos diffamatoires (atteinte à la réputation des gens). Si la personne est accusée par un autre candidat, recueillir rapidement les réactions du concerné, la répétition des faits entendus sans vérification.
L’autre attitude à bannir et l’abus de la plume ou le micro(ne jamais en abuser pour ternir l’image des gens), la corruption à travers les cadeaux de toutes sortes.
Se faire transporter par les candidats pendant les reportages peut aussi influencer la façon de travailler.
Il faut aussi éviter de se ranger du côté des contestataires ou ceux qui proclament la victoire avant la publication des résultats.
Lors des échanges et recommandations, les reporters ont insisté surtout sur les points suivants :
Echanges et débat
Un participant s’est inquiété que la situation de 2010 risquait de se reproduire. Comme réponse à la préoccupation : « le reporter de la COSOME doit relater les réalités de terrain de façon neutre »
Le même participant a évoqué la question des journalistes sans moyens de transport qui recourent à certaines personnalités pour le déplacement.
Le représentant de la COSOME a demandé à ces reporters de s’adapter à toutes les situations, et d’être plus intelligents pour ne pas se laisser influencer par qui que ce soit.
La proclamation des résultats aussitôt après le vote a aussi suscité un débat. Il ressort des échanges que le journaliste doit respecter la réglementation de la CENI en la matière, surtout au niveau de l’audiovisuel.
Au niveau des reporters de la COSOME, ils peuvent exploiter les procès verbaux qui ont été signés par les personnes habilitées, tout en mentionnant qu’il s’agit des résultats provisoires car il peut y avoir des recours.
Le consultant avait aussi prévu un exercice d’échange sur le travail du reporter de la COSOME « avant, pendant et après les élections » ; et comment il doit se préparer pour les échéances électorales de 2015.
Recommandations
A l’issue de tous ces échanges, il est ressorti quelques recommandations notamment :
– mettre à la disposition des reporters de la COSOME des enregistreurs performants pour les interviews ;
– remettre aux reporters des supports juridiques leur permettant de s’imprégner du processus électoral ;
– prévoir des formations sur « le vocabulaire des élections, les différents acteurs, et les procédures à suivre »
– exiger aux reporters de la COSOME de tracer la situation sociopolitique de leurs entités une fois les 3 mois.
Poster un Commentaire