Bujumbura, le 7 juin 2014 (COSOME) – Le ton est monté d’un cran samedi, entre le gouvernement burundais et les Nations unies qui continuent à se rejeter la responsabilité de la récente expulsion d’un officier militaire en charge de la sécurité à la représentation spéciale onusienne à Bujumbura pour «port illégal» d’arme et de munitions.
Dans sa tentative de faire sortir des armes, l’officier mis en cause est Abednego Mutua, de nationalité kenyane.
La veille encore, le Bureau des Nations unies au Burundi (BNUB) a pris la défense de son agent de sécurité dont l’expulsion constitue une mesure «disproportionnée» pour s’être présenté, «par mégarde ou oubli», à l’aéroport international de Bujumbura avec dans ses bagages, «deux chargeurs et 15 cartouches» pour pistolet.
Réponse du berger à la bergère : «s’il s’agissait d’un simple agent, on serait tenté d’y croire», a rétorqué samedi dans une déclaration musclée, le porte-parole et Secrétaire général du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba.
Par ailleurs, ce cas intervient peu de jours après l’expulsion du conseiller en matière de sécurité à la même représentation des Nations unies à Bujumbura, cette fois, pour un «rapport clandestin» du BNUB sur un supposé armement de jeunes militants du parti au pouvoir, à l’approche des élections générales de 2015.
«Ce rapport a été à la base de tensions entre les acteurs politiques nationaux», a encore déploré le porte-parole du gouvernement.
Nombreuses sont en effet les voix qui continuent à s’élever dans les milieux politiques de l’opposition pour demander des enquêtes urgentes sur les allégations onusiennes «inquiétantes» d’armement de jeunes affiliés au parti au pouvoir et un risque de bain de sang dans un pays où l’atmosphère pré-électorale est déjà électrique, soulignent les observateurs.
Selon toujours le Porte-parole du gouvernement burundais, la tentative de faire sortir des armes est de nature à entamer sérieusement la crédibilité du seul aéroport international dont dispose le Burundi.
S’agissant des accusations des Nations unies qui ont été portées contre le gouvernement burundais de violer l’accord de siège avec le BNUB, M. Nzobonariba a trouvé que le BNUB s’est positionné, là encore, en «donneur de leçons» en matière de respect des conventions diplomatiques internationales.
La fin heureuse de la déclaration est que le gouvernement du Burundi termine en rassurant que la collaboration reste «totale» avec les Nations unies sur toutes les questions d’intérêt commun.
Le désamour grandissant entre le gouvernement du Burundi et les Nations unies inquiète encore les observateurs à la veille des élections générales de 2015 dont les 60 millions de dollars us nécessaires à leur financement sont attendus en grande partie de la communauté internationale, des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux.
Les Nations unies avaient joué un rôle important dans la sécurisation et l’observation des premières élections générales post-conflit de 2005.
Ce sont les mêmes Nations unies qui avaient pris une part active dans la mobilisation des fonds pour l’organisation des élections générales de 2010.
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