Bujumbura, le 30 octobre 2013 (COSOME)- Une récente étude de l’association burundaise des radios diffuseurs (ABR) a conclu sur une presse indépendante « dynamique, vivante » et un personnel d’une certaine « maturité intellectuelle» malgré de sérieuses difficultés financières.
L’étude de 164 pages a été réalisée avec l’appui financier de la coopération Suisse, en collaboration technique avec une université parisienne.
De l’avis du commanditaire et secrétaire exécutif de l’ABR, Tharcisse Ndarugirire, il s’agit d’une étude « assez large » qui a porté sur l’analyse du paysage médiatique burundais, l’état de la formation des journalistes au Burundi, le cadre juridique légal ou encore l’économie des médias.
Concernant l’économie des médias, les résultats ont été « larges » et conclu sur une presse « vivante, dynamique, avec un personnel d’une certaine maturité intellectuelle malgré des difficultés financières », selon la même source qui a toutefois fait remarquer au passage que les médias analysés ne croulaient pas paradoxalement sous le poids de dettes.
La presse indépendante est aujourd’hui encore tributaires des aides financières de mécènes étrangers qui continuent à s’investir beaucoup dans des médias libres pour favoriser la consolidation de la démocratie et la paix après plusieurs décennies de guerre civile au Burundi.
L’aide directe reste, quant à elle, reste insuffisante et se limite à des équipements informatiques pour des médias indépendants qui n’y vont pas souvent de main morte quand il s’agit de critiquer la conduite des affaires publiques.
L’étude de l’ABR distingue trois groupes de médias en termes du budget et de salaires qui sont disparates selon que l’on est du secteur public ou privé.
La moitié des médias indépendants enquêtés fonctionnent avec un « maigre » budget de 200 millions de francs burundais par an (près de 130.000 dollars us), un personnel de vingt unités et souvent sans couverture nationale.
L’autre groupe le plus nanti de la catégorie des médias indépendants a un budget annuel compris entre 400 et 800 millions de francs burundais (entre 260.000 et 500.000 dollars us) et une quarantaine de salariés.
Les médias publics, quant à eux, font la différence avec un budget annuel de plus d’un milliard de francs burundais ( pas loin d’un million de dollars) et plusieurs centaines de salariés, grâce aux subsides de l’Etat et à la publicité de diverses provenances, comme les entreprises paraétatiques.
L’Etat burundais fait fonctionner une chaîne de radiotélévision nationale(RTNB), une agence burundaise de presse (ABP), les publications de presse écrite burundaises(PPB) faites d’un quotidien en français, un hebdomadaire en Kirundi, la langue nationale des burundais, ainsi qu’un centre d’information, d’éducation et de communication(CIEC).
L’étude de l’ABR a encore permis de découvrir que la précarité des médias était telle que certains journalistes avaient un salaire mensuel de moins de 100.000 francs burundais (près de 70 dollars us).
La précarité touche encore à la stabilité de l’emploi et nombreux sont les journalistes qui refusent les conditions de travail du secteur des médias indépendants pour aller voir ailleurs au bout d’un certain temps.
Les journalistes burundais du secteur privé souffrent encore d’une certaine inquiétude pour l’avenir de leur métier parce que l’environnement juridique ne favorise pas l’exercice du métier.
Avec le rapport, « on a la preuve que les choses ne vont pas bien dans le secteur des médias et nous allons travailler sur cette base pour faire le plaidoyer auprès des bailleurs de fonds traditionnels et nouveaux », a conclu le secrétaire exécutif de l’ABR, en s’inquiétant des risques de corruption dans le secteur si la situation devait rester encore longtemps ce qu’elle est aujourd’hui ».
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